L’épilobe à feuilles étroites (Chamaenerion angustifolium = Epilobium angustifolium) de la famille des onagracées ou des oenothéracées. Noms vernaculaires : laurier de St-Antoine, Antoinette, osier fleuri… Comme les fleurs du laurier de St-Antoine sont construites sur le modèle 4 on pourrait, en se laissant aller à la facilité, classer cette plante dans la famille des crucifères. Mais un examen un peu plus approfondi permet rapidement d’observer des différences importantes et d’opter pour un choix radicalement différent. La plus importante de ces dissimilitudes est la position de l’ovaire. Chez l’épilobe, il est situé en dessous du périanthe (sépales et pétales). Les spécialistes parlent d’un ovaire infère. Une autre différence concerne la maturité comparée des anthères et des stigmates. Chez la plupart des crucifères, ces deux organes sexuels sont synchrones et ces plantes sont généralement autofertiles. En revanche, chez l’épilobe, les anthères libèrent leur pollen grisbleu quelques jours avant l’ouverture des stigmates de la même fleur. Elle est donc autostérile et nécessite l’intervention des pollinisateurs.
Etymologie: Epilobium est la contraction de deux racines grecques, epi qui signifie dessus et lobos nom d’un fruit de type silique. Il s’agit d’une évocation évidente à la position de la fleur sur le dessus de l’ovaire. Chamaenerion est également la contraction de deux racines grecques, chamae qui veut dire nain, peu élevé et nerio qui a donné Nerium le nom scientifique du laurier-rose. Les feuilles de l’épilobe ressemblent en effet en miniature à celles du laurier-rose (Nerium oleander). Le nom spécifique angustifolium est la contraction de deux racines latines, angusti qui veut dire étroit et folio qui veut dire feuille.
Description: L’épilobe à feuilles étroites est une plante vivace herbacée à tiges aériennes annuelles. Chaque année de nombreuses pousses sont formées par la souche robuste. Elles donnent des tiges solides qui atteignent largement plus d’un mètre cinquante. Elles portent des feuilles alternes, linéaires, étroitement lancéolées et sessiles. Dans le courant du mois de juillet, ses tiges se terminent par de longues grappes de fleurs relativement grosses et de couleur magenta. Leurs sépales colorés sont plus foncés que les pétales. Ces fleurs hermaphrodites sont typiquement protandres c’est-à-dire que les étamines d’une fleur arrivent à maturité avant la réceptivité des stigmates de la même fleur. Pour attirer les pollinisateurs indispensables à leur fécondation, les fleurs agréablement parfumées, sécrètent un abondant nectar largement butiné par les abeilles. Au Canada, où cette plante est très répandue, les apiculteurs transhument en masse pour récolter un miel qui, au dire des amateurs, serait le « champagne » des miels ! En France, c’est un produit très rare à l’état pur mais plus souvent présent en mélange dans les miels de montagne. Le fruit de l’épilobe n’est pas une silique mais une longue capsule qui s’ouvre par quatre fentes à maturité. Il libère de nombreuses graines munies de poils soyeux qui facilitent leur dissémination par le vent. L’épilobe est une plante héliophile pionnière qui se développe en colonie dense sur des sols frais mais non marécageux et plutôt siliceux et acides. Elle résiste parfaitement au feu et c’est souvent la première plante à recoloniser les clairières forestières à la suite d’un incendie.